Evolution de la culture française

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Les trompettes de la renommée

Georges Brassens, auteur et compositeur – 1964
sur Wikipédia

Je vivais à l’écart de la place publique,
Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique…
Refusant d’acquitter la rançon de la gloir’,
Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir.
Les gens de bon conseil ont su me fair’ comprendre
Qu’à l’homme de la ru’ j’avais des compt’s à rendre
Et que, sous peine de choir dans un oubli complet,
J’ devais mettre au grand jour tous mes petits secrets.

Trompettes de la Renommée,
Vous êtes bien mal embouchées !

Manquant à la pudeur la plus élémentaire,
Dois-je, pour les besoins d’ la caus’ publicitaire,
Divulguer avec qui, et dans quell’ position
Je plonge dans le stupre et la fornication ?
Si je publi’ des noms, combien de Pénélopes
Passeront illico pour de fieffé’s salopes,
Combien de bons amis me r’gard’ront de travers,
Combien je recevrai de coups de revolver !

Trompettes de la Renommée,
Vous êtes bien mal embouchées !

A toute exhibition, ma nature est rétive,
Souffrant d’un’ modesti’ quasiment maladive,
Je ne fais voir mes organes procréateurs
A personne, excepté mes femm’s et mes docteurs.
Dois-je, pour défrayer la chroniqu’ des scandales,
Battre l’ tambour avec mes parti’s génitales,
Dois-je les arborer plus ostensiblement,
Comme un enfant de coeur porte un saint sacrement ?

Trompettes de la Renommée,
Vous êtes bien mal embouchées !

Une femme du monde, et qui souvent me laisse
Fair’ mes quat’ voluptés dans ses quartiers d’ noblesse,
M’a sournois’ment passé, sur son divan de soi’,
Des parasit’s du plus bas étage qui soit…
Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame,
Ai-j’ le droit de ternir l’honneur de cette dame
En criant sur les toits, et sur l’air des lampions :
” Madame la marquis’ m’a foutu des morpions ! ” ?

Trompettes de la Renommée,
Vous êtes bien mal embouchées !

Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente
Avec le Pèr’ Duval, la calotte chantante,
Lui, le catéchumène, et moi, l’énergumèn’,
Il me laisse dire merd’, je lui laiss’ dire amen,
En accord avec lui, dois-je écrir’ dans la presse
Qu’un soir je l’ai surpris aux genoux d’ ma maîtresse,
Chantant la mélopé’ d’une voix qui susurre,
Tandis qu’ell’ lui cherchait des poux dans la tonsure ?

Trompettes de la Renommée,
Vous êtes bien mal embouchées !

Avec qui, ventrebleu ! faut-il don’que je couche
Pour fair’ parler un peu la déesse aux cent bouches ?
Faut-il qu’un’ femme célèbre, une étoile, une star,
Vienn’ prendre entre mes bras la plac’ de ma guitar’ ?
Pour exciter le peuple et les folliculaires,
Qui’est-c’ qui veut me prêter sa croupe populaire,
Qui’est-c’ qui veut m’ laisser faire, in naturalibus,
Un p’tit peu d’alpinism’ sur son mont de Vénus ?

Trompettes de la Renommée,
Vous êtesbien mal embouchées !

Sonneraient-ell’s plus fort, ces divines trompettes,
Si, comm’ tout un chacun, j’étais un peu tapette,

Si je me déhanchais comme une demoiselle
Et prenais tout à coup des allur’s de gazelle ?
Mais je ne sache pas qu’ça profite à ces drôles
De jouer le jeu d’ l’amour en inversant les rôles,
Qu’ça confère à leur gloire un’ onc’ de plus-valu’,
Le crim’ pédérastique, aujourd’hui, ne pai’ plus.

Trompettes de la Renommée,
Vous êtes bien mal embouchées !

Après c’tour d’horizon des mille et un’ recettes
Qui vous val’nt à coup sûr les honneurs des gazettes,
J’aime mieux m’en tenir à ma premièr’ façon
Et me gratter le ventre en chantant des chansons.
Si le public en veut, je les sors dare-dare,
S’il n’en veut pas je les remets dans ma guitare.
Refusant d’acquitter la rançon de la gloir’,
Sur mon brin de laurier je m’endors comme un loir.

Trompettes de la Renommée,
Vous êtes bien mal embouchées !

Gangster

Chanson de Booba – 2017
sur Wikipédia

Je suis un gangster, gangster
Je m’arrêterai six pieds sous terre
J’contrôle ce putain d’rap game
Poto, j’lui mets la fessée
Rien ne sert de courir
Mieux vaut rouler en Féfé
Toujours sur terre, malgré tant de péchés
J’serai ton chat de gouttière, sois mon poisson séché
Elle roule en Clio, elle a un piercing au clito
Je lui crache dans les chicos, je m’arrache aussitôt
Je carbure à l’hydro, appelez les gros tazzer
Le rap français a.k.a. “Chronique d’un vibromasseur”
N’oublie jamais que depuis “Le crime paie”, c’est moi le master
Pour fidèle c’est infidèle fais peter Ghetto Blaster
Si tu me choppe dans une manif, je suis là en tant que casseur
Mon poster dans sa breuch j’suis le rappeur préféré de ta sœur
Je suis d’une autre planète, mon flow est venu d’ailleurs
Comme le 9 3 tu peux pas test demande à Mac Tyer
B2OBA sur le ter-ter, sur le flyer
Toujours dans la raquette, Amar’e Stoudemire
J’ai peur de sonne-per
J’ai grandi sans repères
Chez moi ça tourne à l’envers
Je suis un gangster, gangster
Je m’arrêterai six pieds sous terre
Je ne sais pas quand me taire
J’ai tout de mes grands pères
Je préfère crever d’une balle que d’un cancer
Je suis un gangster, gangster
Et personne ne peut rien y faire
J’dois tout à mon équipe, on fait du biff en musique
Appelle moi 92 I ou 92 U pour 92 Uzi
Tu crois que j’ai la vie facile, négro il y a rien de izi
Pour faire des millions, faites moi greffer un cœur de Grizzly
Sers moi un verre de Riesling tu crois que je me résigne
Palmier dans le crâne j’aime bien la France, je préfère le Brésil
Haineux je vais te tirer dessus t’auras pas besoins de faire de piercings
Tu me transporte des Kilogrammes des kilos de drames sans faire de chichis
Sanguinaire je te la glisse même quand t’as tes gle-rè
Je te ferai rire, je te ferai pleurer
Mes rimes sont que des lames de sabre samouraï que j’aiguise
Pas de meilleur endroit pour te faire sodomiser que l’église
Je fais pas dans la guimauves, c’est pas pour los niños
Le bien contre le mal Actarus contre Minos
L’oeil rouge comme rat albinos
Vatos locos avec los negros maghrebinos
J’ai peur de sonne-per
J’ai grandi sans repères
Chez moi ça tourne à l’envers
Je suis un gangster, gangster
Je m’arrêterai six pieds sous terre
Je ne sais pas quand me taire
J’ai tout de mes grands pères
Je préfère crever d’une balle que d’un cancer
Je suis un gangster, gangster
Et personne ne peut rien y faire
Gangster
Gangster
Écraser l’adversaire (Je n’arrête pas d’y penser)
Violet Jaune Vert (Je n’arrête pas d’y penser)
Le sang sur le ter-ter (Rien ne peut l’effacer)
Jamais sans mon revolver (Rien ne sert d’y penser)
Sur scène ou dans la street, je suis à la hauteur
Tueur né, j’suis le lleur-mé
Fuck être avocat fuck être un docteur
Je fus dealeur et voleur, je suis le bruit et l’odeur
Grosse bagnole, mental espagnol, force et honneur
Ils apprécient mes poèmes, demande à Benjamin Biolay
Tignasse dans la paume, swagg bonobo je les fait miauler
Tellement de Gent-ar je suis plus noir je deviens violet
Plié meurt de faim gue-flin Audemars Piguet
Weshh je suis là à frimer, t’es là à filmer
Demande à Mokobé: Les jaloux vont grir-mai
Je veux faire des parfums Ünkut, je cherche un deal avec L’Oréal
Je suis loin dans le futur Morray je roule en DeLorean
J’ai peur de sonne-per
J’ai grandi sans repères
Chez moi ça tourne à l’envers
Je suis un gangster, gangster
Je m’arrêterai six pieds sous terre
Je ne sais pas quand me taire
J’ai tout de mes grands pères
Je préfère crever d’une balle que d’un cancer
Je suis un gangster, gangster
Et personne ne peut rien y faire
Écraser l’adversaire (Je n’arrête pas d’y penser)
Violet Jaune Vert (Je n’arrête pas d’y penser)
Le sang sur le ter-ter (Rien ne peut l’effacer)
Jamais sans mon revolver (Rien ne sert d’y penser)
Écraser l’adversaire (Je n’arrête pas d’y penser)
Violet Jaune Vert (Je n’arrête pas d’y penser)
Le sang sur le ter-ter (Rien ne peut l’effacer)
Jamais sans mon revolver (Rien ne sert d’y penser)

Georges Brassens

sur Wikipédia : De nombreux auteurs-compositeurs-interprètes se sont dits influencés par Georges Brassens : Renaud et Maxime Le Forestier, qui reprendront aussi certaines de ses chansons, Pierre Perret, Francis Cabrel, Yves Duteil, le Suisse Mani Matter et l’Italien Fabrizio De André, qui traduit plusieurs de ses chansons. Paco Ibáñez publie en 1979 un album de dix chansons de Brassens traduites par Pierre Pascal (le Testament, La Cane de Jeanne…). Brassens en interprètera certaines en espagnol. Graeme Allwright sort en 1985 un album de douze chansons traduites en anglais (Une jolie fleur, Les Copains d’abord, Saturne…).

Georges Moustaki, membre de la « bande à Georges », a composé en 1974 Les Amis de Georges en son honneur. Prénommé Giuseppe à sa naissance, Moustaki aurait opté pour le prénom de Georges par admiration pour Brassens.

Plus de cinquante thèses lui sont consacrées. Traduit dans une vingtaine de langues, il est chanté au Japon, en Serbie, en Russie, en Italie, en Espagne, en Amérique du Nord, en République tchèque, etc..

En 1991 ouvre à Sète l’Espace Georges-Brassens.

Vingt-deux documents autographes originaux de Georges Brassens que détenait son ami Fred Mella (le soliste des Compagnons de la chanson, mort en 2019), parmi lesquels les paroles manuscrites des chansons Supplique pour être enterré à la plage de Sète, Le Vieux Léon, Le Grand Chêne et Le 22 septembre, mis en vente aux enchères à Paris le 22 septembre 2020, sont adjugés pour 377 650 €. Neuf de ces documents ont fait l’objet de préemptions de la part de la ville de Sète et de la Bibliothèque nationale de France.

En 2011 est organisée à la Villette l’exposition « Brassens ou la liberté ».

En 2012, une pièce de 10 € en argent à l’effigie du chanteur est éditée par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les Euros des Régions » afin de représenter sa région natale, le Languedoc-Roussillon.

En 2021, pour célébrer les anniversaires de sa naissance et de sa mort, La Poste édite un timbre spécial. D’une valeur de 1,08 euro (lettre verte), il a été mis en image par Valérie Besser à partir d’une photo de Jean-Pierre Leloir.

La 30e promotion des élèves administratrices et administrateurs territoriaux de l’Institut national des études territoriales (INET) choisit en 2022 le nom de Promotion Georges Brassens, revendiquant son indépendance d’esprit, ses engagements sociaux, et son ancrage populaire.

Booba

sur Wikipédia :  Dans un article paru en 2003, les textes de Booba sont encensés par Thomas Ravier, un auteur de La Nouvelle Revue française (importante revue littéraire créée en 1908) qui l’érige au rang d’écrivain, le comparant à Céline et Artaud. Thomas Ravier invente le néologisme « métagore » (mélange de métaphore et de gore) pour qualifier l’usage que fait Booba des images.

Dans un article de janvier 2013, la Revue critique de fixxion française contemporaine s’intéresse à la façon dont l’émergence de Booba, Ali et des rappeurs du collectif Time Bomb, dans la seconde moitié des années 1990, a modifié en profondeur certains aspects fondamentaux du rap français, au premier rang desquels la façon d’écrire et de rapper. Dès les premiers morceaux de Lunatic, Booba est en effet l’un des premiers rappeurs français à proposer des couplets sans continuité thématique ni narrative. En établissant une équivalence explicite et répétée entre le rappeur et le criminel, et en s’appuyant constamment sur les figures de l’analogie, Booba construit un univers singulier où il n’est plus possible de distinguer la part biographique de la fiction. Dans une interview publiée le 13 avril 2017, Benjamin Biolay affirme que le morceau La Lettre (sur l’album Mauvais Œil de Lunatic) lui donne l’impression « de lire Dostoievski en prison ».

Jean Birnbaum, responsable du Monde des livres, l’associe plutôt au romancier Léon Bloy. Dans une interview pour Le Monde en date du 31 août 2017, il déclare à propos des textes de Booba que « la revendication politique est évacuée au profit d’une prédication obscène qui prend en charge l’abjection humaine » et que, « rédigés sous cannabis ou au volant d’un bolide, [ils] ne visent ni émancipation sociale ni édification morale ».

Booba cite la poésie en général et Le Dormeur du val d’Arthur Rimbaud en particulier comme l’une des choses (avec l’anglais) l’ayant particulièrement marqué à l’école, et comme étant peut-être à l’origine de la façon dont il écrit. À propos du Dormeur du val, il explique : « J’avais comme l’impression d’être avec lui, je m’évadais littéralement. »

AS Béziers, un juge plein de bon sens

AS Béziers, un juge plein de bon sens

AS Béziers, un juge plein de bon sens

Une ancienne employée ce la mairie de Béziers avait eu connaissance de la vacance des titres de propriété de la marque et du logo du club de rugby, connaissance du fait d son poste à la mairie. Elle avait alors profité de cette vacance pour récupérer tous les droits, à son seul profit.

Le club, dont la mairie est l’actionnaire majoritaire, avait porté plainte.

Saint Louis rendant la justice sous le chêne de Vincennes

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    Méfiez-vous des évidences

    Méfiez-vous des évidences

    Méfiez-vous des évidences

    “Les faits, rien que les faits”.
    Mais “il n’y pas de faits, il n’y a que des interprétations”.

    Voici quelques exemples d’interprétation …

    Les mots ont de l’importance

    Les mots ont de l’importance

    Les mots ont de l’importance

    Les réseaux sociaux ont transformé l’amitié en indice de notoriété commerciale. L’inventeur de FaceBook a créé le réseau pour faciliter les “relations” dans sa grande école, et la réussite du réseau a permis d’en faire une machine à faire des milliards de dollars “gratuitement”. 

    Et c’est ainsi que certains ont la “chance” d’afficher des milliers d’amis, quand les “anonymes” se contentent d’une dizaine, parfois seulement quelqu’uns …

    Pour ceux qui ont connu FaceBook depuis leur retraite, ce n’est pas grave. La vie leur a appris combien la définition de l’amitié est fragile, nuancée, et que les amis qui traversent les années ne sont pas nombreux.

    En revanche, pour les jeunes l’apprentissage des relations humaines via leur l’écran d’un smartphone promet bien des déconvenues. Qu’ils posent leur téléphone, sortent de chez eux et privilégient les échanges physiques.

    “Vieillir, c’est chiant!”, Bernard Pivot

    “Vieillir, c’est chiant!”, Bernard Pivot

    “Vieillir, c’est chiant!”, Bernard Pivot

    Bernard Pivot est un journaliste français, écrivain, critique littéraire, animateur et producteur d’émissions culturelles télévisées, né le 5 mai 1935 à Lyon et mort le 6 mai 2024 à Neuilly-sur-Seine.
    D’abord journaliste au Figaro littéraire, qu’il quitte en 1974 après avoir été rédacteur en chef, Bernard Pivot fonde le magazine Lire. Il lance à la télévision l’émission littéraire Apostrophes, qu’il présente de 1975 à 1990, elle reste la référence en matière de culture à la télévision, il anime ensuite l’émission Bouillon de culture de 1991 à 2001. Il crée des championnats d’orthographe et des dictées qui remportent un immense succès populaire.
    Bernard Pivot est élu en 2004 à l’académie Goncourt et il en est le président de 2014 à 2019.

    « J’aurais pu dire :
    Vieillir, c’est désolant, c’est insupportable, c’est douloureux, c’est horrible, c’est déprimant, c’est mortel.
    Mais j’ai préféré « chiant » parce que c’est un adjectif vigoureux qui ne fait pas triste.
    Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira. Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance. On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant. On était bien dans sa peau. On se sentait conquérant. Invulnérable.
    La vie devant soi. Même à cinquante ans, c’était encore très bien…. Même à soixante. Si, si, je vous assure, j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.
    Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps j’ai vu le regard des jeunes…..
    Des hommes et des femmes dans la force de l’âge qui ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge.
    J’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard. Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables. Sans m’en rendre compte, j’étais entré dans l’apartheid de l’âge.
    Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants. « Avec respect », « En hommage respectueux », « Avec mes sentiments très respectueux ».
    Les salauds ! Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect ? Les cons !Et du ‘cher Monsieur Pivot’ long et solennel comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres qui vous fiche dix ans de plus !
    Un jour, dans le métro, c’était la première fois, une jeune fille s’est levée pour me donner sa place… J’ai failli la gifler. Puis la priant de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué. !!!… ?
    – « Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée. J’ai pensé que ».
    – Moi aussitôt : « Vous pensiez que ? »
    – « Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous asseoir. »
    – « Parce que j’ai les cheveux blancs ? »
    – « Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, ça a été un réflexe, je me suis levée. »
    – « Je parais beaucoup… beaucoup plus âgé que vous ? »
    – « Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge. »
    – « Une question de quoi, alors ? »
    – « Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois. »
    J’ai arrêté de la taquiner, je l’ai remerciée de son geste généreux et l’ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre.
    Lutter contre le vieillissement c’est, dans la mesure du possible, ne renoncer à rien. Ni au travail, ni aux voyages, ni aux spectacles, ni aux livres, ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni au rêve. Rêver, c’est se souvenir, tant qu’à faire, des heures exquises. C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent. C’est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l’utopie.
    La musique est un puissant excitant du rêve. La musique est une drogue douce. J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l’Adagio du Concerto n° 23 en La majeur de Mozart, soit, du même, l’Andante de son Concerto n° 21 en Ut majeur, musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l’au-delà.
    Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés. Nous allons prendre notre temps.
    Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement. Nous ignorons à combien se monte encore notre capital. En années ? En mois ? En jours ? Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital. Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération.
    Après nous, le déluge ?… Non, Mozart. »